
Est-on bien sûres d'élever seules nos enfants ?
"Maman solo"", "mère isolée", "famille monoparentale"... A force de vouloir nous faire entrer dans des cases, nous ne savons parfois même plus nous-mêmes dans laquelle nous mettre ! On a tranché, à Nouvelle voie, pour un plus inclusif "mères séparées".
"Mais si tu es en garde alternée, tu n'es pas une famille monoparentale !" Vous l'avez entendu, ce petit soupçon de fraude au statut social – pourtant peu envié – de mère célibataire ? Et ne parlons pas des "mamans 100% solo" qui ont le malheur d'avoir – temporairement ou non – un compagnon : "Mère isolée" ? Mouais, à moitié, quoi ! Et voilà comment on finit par se poser mille questions...
Suis-je toujours une « maman solo » si je suis de nouveau en couple avec un homme ? Parce que, techniquement, je ne suis plus célibataire mais, de façon pratique, mon nouveau Jules ne s'occupe pas plus de mon enfant que son père biologique...
Puis-je me dire « mère isolée » si je suis en garde alternée ? Parce que, techniquement, la moitié du temps où j'ai mes enfants avec moi, je n'ai toujours aucun relais familial pour m'aider...
Et puis-je me dire « mère célibataire » si je n’ai pas la garde principale de mes enfants ? Parce que, techniquement, pour le coup, je suis vraiment seule 80% du temps...
En voilà des questions bien genrées !
Notez qu'un père ayant un droit de visite et d'hébergement classique ne s'en pose aucune : la société lui reconnaît d'office le "statut" de père célibataire. Toujours bon à prendre puisqu'il suscite soit la commisération (le "pauvre papa" abandonné), soit la convoitise de ses congénères (il est libre, Max), voire celle des candidates à l'amour (un coeur à prendre, redoré de l'onction de paternité).
Comme ces expressions tendent à nous faire entrer dans une boîte qui n’existe pas – à savoir que notre « statut » de mère dépendrait d’un homme, qu’il soit ou non le père de nos enfants –, nous nous interrogeons sur notre propre légitimité à les employer. Ces questions – insolubles – n’existeraient pas si on ne nous avait pas lavé le cerveau à la machine patriarcale.
Nous sommes toutes des mères séparées
Cette lessiveuse nous empêche de penser la réalité : reformer un couple ne change rien au fait que vous élevez seule, à temps plein ou partiel, vos enfants. Nos responsabilités parentales ne s'arrêtent pas à la porte d'un nouveau "foyer", pas plus que celles des pères devraient s'y arrêter.
A Nouvelle voie, nous préférons donc parler de « parents séparés » et, plus souvent, de « mères séparées ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une mère séparée, du père de son ou ses enfants, le restera. La situation de monoparentalité, elle, est transitoire : nombre d’entre nous retrouvons – et c’est heureux – un compagnon ou une compagne.
Mais notre condition de mère ne dépend pas d’un homme, quel qu’il soit. Pas plus que la condition de père ne devrait dépendre d'une femme, quelle qu'elle soit.
Les femmes en couple ne sont pas de meilleures ou de moins bonnes mères que les célibataires. La séparation, par contre, est un puissant révélateur des capacités parentales... des hommes.
“En 2023, trois enfants sur dix vivent avec un seul de leurs parents”, INSEE Première, 14 janv. 2025.
En 2023, seulement 19% des 4,11 millions d’enfants de parents séparés sont élevés par leur père, qu'il se soit ou non remis en couple. C'est deux points de plus que dans les familles monoparentales, où 17% des enfants vivent avec leur père. Les statistiques confirment donc la tendance des pères à reprendre leur responsabilité parentale... quand ils retrouvent une femme.